Qu’est-ce que la destruction créatrice ?

Analyse de la destruction créatrice de Joseph Schumpeter

 

L’économie vit de changements. La mode est aux changements et à la nouveauté mais ceux-ci sont indispensables à un système économique dynamique et sain.

     Les produits arrivants sur le marché ont toujours des apports plus importants que les anciens produits, ils sont générateurs de croissance et de développement.

     Quand une société crée un nouveau produit, améliore des technologies, elle est susceptible de détruire sa concurrence. Par l’innovation, elle peut prendre l’ascendant et si ses concurrents n’arrivent pas à suivre, ils peuvent disparaître, le consommateur se désintéressant de leurs produits, les nouveaux produits tuent les anciens produits.

     Il y a beaucoup d’exemples dans l’histoire d’entreprises qui disparaissent car elles ont été dépassées technologiquement par leurs concurrents. On peut citer le DVD qui a anéanti la cassette vidéo ou bien la société Polaroid qui a disparu avec l’arrivée de l’appareil numérique.

     Dans l’économie traditionnelle, on ne voit que la guerre des prix entre les concurrents mais l’idée nouvelle de Joseph Schumpeter est de mettre au centre l’évolution de la technologie. Il y voit une évolution naturelle, les nouvelles technologies remplaçant les anciennes technologies, les nouvelles sociétés remplaçant les vieilles sociétés.

 Il faut cependant émettre quelques réserves à la destruction créatrice de Joseph Schumpeter

     En effet, il ne prend pas en compte le facteur social qui a des incidences sur l’économie réelle. Ainsi l’État se doit d’intervenir pour sauver les banques quand elles sont en difficulté, il ne peut se permettre de les laisser disparaître car l’économie réelle pourrait alors s’écrouler même si elles sont dépassées par d’autres.

     De même, les nouvelles technologies remplaçant les anciennes créent généralement moins d’emplois ce qui posent des problèmes à long terme : la destruction créatrice vient bien de l’innovation, des nouveaux produits mais elle laisse de moins en moins de place aux salariés consommateurs. L’arrivée de l’informatique a créé de nouveaux emplois tels que les programmeurs, les informaticiens mais l’informatisation a détruit au total beaucoup plus emplois qu’elle en a créés.

     Si innovation continue avec une destruction d’emplois, il n’y aura plus assez de nouveaux consommateurs pour acheter les nouveaux produits, étant au chômage leur pouvoir d’achat ne sera pas suffisant pour consommer ces nouvelles innovations.

     Joseph Schumpeter considère ainsi que la croissance vient de l’innovation et de l’entrepreneur innovateur. Les Monopoles et les grandes sociétés tendent à détruire toute forme d’innovation et ralentissent la croissance de manière endémique. Elles sont marquées par la multiplication des cadres gestionnaires, des experts et des bureaucrates. Ceux-ci raisonnent en fonction de la carrière, d’un revenu régulier et de leur position sociale. Ils sont ainsi prédisposés à ne pas prendre de risques comme dans le modèle de l’entrepreneur.

     Il est à noté que Joseph Schumpeter pense que le système capitalisme peut mourir par manque de dynamisme. Si nous perdons les entrepreneurs innovateurs, les monopoles s’installeront et la stagnation s’imposera (à l’image du développement économique de l’URSS étouffé par la bureaucratie et l’absence d’entrepreneur). La stagnation, dans un monde en croissance démographique, est en fait une régression pour l’ensemble de la population mondiale. L’entrepreneur innovateur est donc dans la théorie de Joseph Schumpeter l’élément indispensable au fonctionnement du système économique. Sans lui, le système économique s’ankylose et il ralentit inexorablement faisant chuter la croissance économique.

Voir aussi notre article sur Jesse Livermore

Citation sur la destruction créatrice

« L’impulsion fondamentale qui enclenche la machine capitaliste et la garde en mouvement vient des nouveaux consommateurs, des nouvelles marchandises, des nouvelles méthodes de production et de transport, des nouveaux marchés et des nouvelles formes d’organisation industrielle que crée l’entreprise capitaliste »

Joseph Schumpeter